Et si on s’intéressait au réel avant de plonger dans le métavers ?

Il y a quelques jours, nous étions à la soirée de lancement de la Fédération de la Mode Circulaire à la Caserne. Un superbe projet mettant en avant la nécessité d’une transition vers une économie circulaire dans l’industrie de la mode.

Stanislas de Quercize, ex PDG de Cartier et chargé du Comité Mode et Luxe de la Fédération, introduisait : « Nous avons mis des milliers d’années à découvrir que la Terre était ronde, alors c’est le moment de découvrir que l’économie l’est aussi ». On a beaucoup aimé ce parallèle.

Aujourd’hui encore, notre modèle économique repose sur une dépendance des ressources de la terre, que nous exploitons, consommons puis jetons, enfouissons, détruisons. Pour, finalement, subir les conséquences de plus en plus rapprochées de cet épuisement terrestre.

Malgré les signaux et alertes, la course à la croissance, et le quoi qu’il en coûte à la planète, semblent rester prioritaires sur la dégradation de notre qualité de vie.

Jour du dépassement et ressources de la Terre
Pok Rie

Chez Weturn, nous nous interrogeons régulièrement sur les réelles mesures prises pour palier à ces problématiques : des effets d’annonces, un peu-beaucoup de greenwashing, et peu de changements concrets. Ce qui nous donne souvent l’impression que l’industrie n’a pas anticipé, ni réellement saisi les enjeux, ou surtout ne semble pas comprendre qu’un investissement réalisé aujourd’hui est un gain pour demain.

La nécessité de créer de nouveaux modèles économiques basés sur la préservation des ressources et matières premières, où croissance économique et gains écologiques iraient de pair nous paraît assez évidente.

Et si collectivement chacun prenait conscience qu’il avait un rôle à jouer, une part de responsabilité ? Que le changement ne viendra pas des autres, sans rien faire. Que la transition a un coût. Et plus tôt elle est engagée, plus tôt elle garantira des bénéfices aux entreprises et à la société en général.

Petit tour d’horizon d’un modèle obsolète, méritant des ajustements pour garantir un monde durable aux jeunes générations. Parce que tout simplement, il n’y a pas de planète B.

 

JOUR DE LA TERRE J+18

Vendredi 22 avril c’était le Jour de la Terre. Bien que nous trouvions l’initiative pleine de sens, nous ne pensons pas qu’une heure dans le noir suffise pour la soulager. Car une fois la lumière rallumée et la cafetière rebranchée, nous reprenons le cours de nos vies sans réel changement dans nos habitudes.

Dans ce cadre, nous sommes partis équipés de notre micro-bobine à la rencontre de passants. « Connaissez-vous l’origine de vos vêtements ? » ou « Et vous, vous avez prévu quelque chose pour la Journée de la Terre ? ».

Alors que certains n’avaient pas connaissance de cette journée, d’autres nous ont répondu assez spontanément « moi, c’est au quotidien, pas juste le temps d’une journée ».

C’est cette affirmation qui nous pousse à voir plus loin.

 

6 MOIS DANS LE ROUGE, AÏE

 Savez-vous quel événement a marqué le 29 juillet 2021 ?

L’année dernière, le 29 juillet 2021, l’humanité avait consommé toutes les ressources que la terre peut générer en un an. Vous avez bien lu, le 29 juillet. Autrement dit, nous avons donc vécu quasiment 6 mois dans le rouge.

Ce phénomène porte un nom, celui de jour du dépassement. Tous les ans, cette date est révélée par l’ONG Global Footprint Network qui calcule le jour auquel la consommation de l’humanité dépasse les ressources renouvelables disponibles sur Terre. Depuis les années 70, cette date ne fait qu’avancer, silencieusement.

Jour du dépassement shcéma
National Footprint and Biocapcity Accounts 2021 Edition data.footprintnetwork.org

Concrètement et selon le Fonds Mondial de la Nature, WWF, le jour de dépassement est le jour de l’année « à partir duquel nous avons pêché plus de poissons, abattu plus d’arbres, construit et cultivé sur plus de terres que ce que la nature peut nous procurer au cours d’une année. »

Actuellement, nous exploitons 74% de plus que ce que les écosystèmes de la Terre peuvent régénérer, soit l’équivalent d’1,7 Terre. Si nous vivions tous comme les français il nous faudrait l’équivalent de 2,9 planètes Terre pour subvenir à nos besoins ! Et pourtant, nous n’avons qu’une planète. Nombreux sont ceux qui rêvent d’une vie intangible dans le métavers ou sur Mars, avant même de penser à l’avenir de la vie réelle.

Et si cette journée de la Terre était un moyen de réfléchir à la meilleure manière de la comprendre et d’agir pour la préserver ?

Gardez en tête qu’avant d’entrer dans l’ère de la surconsommation et du libre échange, en accélération depuis les années 80, elle se portait plutôt bien. Alors, sans culpabilité mais plutôt par humanité, nous devons agir, maintenant et collectivement ! N’attendons pas que cela vienne des autres, que la situation se règle toute seule.

 

DES RESSOURCES RENOUVELABLES DÉSORMAIS ÉPUISABLES

La Terre crée des ressources, certaines renouvelables et d’autres non renouvelables.

La distinction entre les deux est relativement simple. Les ressources non renouvelables s’épuisent car leur usage et destruction dépassent largement leur vitesse de création. C’est le cas du pétrole, des gaz et des minerais par exemple.

Elevage de moutons
Roman Odintsov

Parallèlement, les ressources renouvelables peuvent se regénérer sur une courte période et se renouvellent ainsi aussi vite qu’elles ont été consommées. On fait référence ici aux ressources issues de la production animale, végétale, de la biomasse ou encore de l’eau douce par exemple.

Le problème majeur aujourd’hui est lié à la surexploitation effrénée de l’homme. Ainsi, ces ressources que l’on pensait inépuisables le deviennent pour satisfaire les besoins de l’humanité. Depuis les années 80, la quantité des ressources naturelles extraites a presque doublé ! La croissance démographique, la surproduction de produits jetables non recyclables, la non-utilisation d’énergies durables et la délocalisation des productions en sont en grandes parties responsables.

 

ANTICIPER LA FIN DE VIE, LE DÉFI DE L’ECO-CONCEPTION

C’est à cette étape que l’on prend conscience que le cycle de vie linéaire d’un produit est bien trop impactant. On extrait pour jeter. N’existe-t-il pas d’autres alternatives ? Extraire pour faire durer dans le temps par exemple.

Aujourd’hui, le recyclage des produits que l’on consomme ne dépend que de l’existence de filières de recyclage adaptées. Et lorsque ces dernières n’existent pas, la finalité est assez brève : on jette, on brûle ou on enfouit.

De cette manière, la solution serait certainement de prendre le problème à sa source. Si on ne peut pas gérer la fin de vie en aval, on peut certainement l’anticiper en amont. Dès la conception, il suffit de choisir des matières durables ou recyclables. Le produit doit être pensé pour sa durabilité et son utilité, sa capacité à se transformer pour intégrer de nouveaux circuits de production. Pour cela, la matière première doit rester la plus homogène possible pour être réutilisée sous une autre forme. C’est le pari de l’éco-conception qui s’intègre pleinement dans l’économie circulaire.

 

L’ECONOMIE CIRCULAIRE SOUTENUE PAR LE GIEC

Ce mois-ci, les experts de l’ONU sur le climat ont rendu le dernier volet du sixième rapport du GIEC, présentant les solutions plausibles face au réchauffement climatique. Après la publication des deux premiers volets se rapportant aux bases scientifiques et aux conséquences des impacts passés, le troisième porte sur l’atténuation des changements climatiques.

Après plus d’un siècle et demi de croissance appuyée sur les énergies fossiles, nous avons gagné +1,1°C environ par rapport à la période pré-industrielle. À l’exception du scénario le plus optimiste, qui exigerait une chute drastique de nos émissions de gaz à effet de serre grâce à un changement immédiat dans nos habitudes, le seuil d’1.5°C de réchauffement pourrait être atteint dès 2030… 10 ans plus tôt que ce que prévoyait la dernière estimation du GIEC.

Si les chiffres peuvent fortement nous alarmer sur les scénarios futurs, le troisième volet quant à lui nous présente des voies d’atténuation plus optimistes puisqu’il met en avant les solutions et chemins possibles pour freiner le réchauffement par secteurs d’activités.

Economie circulaire selon le GIEC
Figure 22 – Représentation schématique du cycle de vie des matériaux, des options d’atténuations et approches politiques (FR.11.15)

Cependant, pour voir ces chiffres se renverser, un nouveau paradigme doit être soutenu par les dirigeants mondiaux. En se focalisant notamment sur les émissions de GES, des changements considérables dans les modes de production ainsi que dans les habitudes sociales.

Le GIEC met en lumière notamment la mise en place d’un modèle économique basé sur l’économie circulaire. Ce dernier vient s’opposer au modèle existant dit linéaire, et consiste à réutiliser les ressources déjà extraites et disponibles pour les réintroduire dans les systèmes de production. Concrètement, le sourcing de nouvelles matières premières est limité puisqu’il en existe déjà sur le marché, à proximité de nos sites de production et de consommation.

 

Chez Weturn, nous aussi essayons d’apprendre à faire mieux avec moins. Nous soutenons à 100% la transition vers des modèles circulaires plus vertueux et alignés avec les enjeux actuels. Nous croyons réellement que si toutes les parties s’y engagent, acteurs de la production, de la consommation, collectivités et dirigeants, nous pouvons contribuer à un avenir plus durable, plus sain et plus humain.

Si vos amis, famille ou collègues vous traitent de Bobo ou d’altermondialiste quand vous faites référence aux rapports du GIEC, nous sommes de tout cœur avec vous parce que les preuves sont là, sous nos yeux et à notre portée !

 

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SOURCES