« Tout producteur mentionné dans l’article L. 541-10-1 est désormais tenu d’élaborer et de mettre en œuvre un plan de prévention et d’éco-conception ayant pour objectif de réduire l’usage de ressources non renouvelables, d’accroître l’utilisation de matières recyclées et d’accroître la recyclabilité de ses produits dans les installations de traitement situées sur le territoire national. »
Voici l’objet de l’article 72 de la loi AGEC visant à mettre l’éco-conception au cœur des modèles de production.
Mais avant tout, comprenons bien de quoi il s’agit. L’éco-conception s’inscrit désormais comme une notion à ne pas négliger dans les politiques de développement durable des entreprises. Si elle permet de maîtriser l’intégralité du cycle de vie d’un produit, c’est aussi un excellent moyen de contrôler les économies d’impact générées autour. Toutefois, entre idées reçues et enjeux en devenir, l’éco-conception reste encore loin d’être la norme pour tous les producteurs.
Pourtant chez Weturn, c’est la pierre angulaire d’une filière qui marche. Alors pour vous en parler, on s’est appuyé sur nos expertes en éco-conception Léa et Hélène, et on a décrypté le sujet pour vous.
REPRENONS LES BASES : QU’EST-CE QUE L’ECO-CONCEPTION ?
Produire plus proprement. C’est la manière dont beaucoup de personnes définissent l’éco-conception.
De fait, l’éco-conception est une approche ayant pour but de considérer et réduire l’impact environnemental d’un produit, et ce, tout au long de son cycle de vie.
En pratique, c’est une démarche préventive des problèmes environnementaux, qui vise à repenser l’ensemble des étapes de la vie d’un produit, de l’extraction des matières premières à la fin de vie du produit, en passant par sa production et son utilisation.
L’éco-conception émerge et s’impose au cœur d’une volonté de tendre vers la circularité de nos modèles de production. Depuis les années 90, son intérêt ne cesse d’augmenter, s’expliquant par une recherche constante de solutions de rupture, faisant face aux dommages générés sur nos ressources naturelles ainsi que le réchauffement climatique.
En effet, à partir de la révolution industrielle et poussé par la consommation de masse, le modèle de production dit linéaire s’est considérablement développé. Ce modèle consiste à extraire des matières premières, les transformer, les distribuer, puis les jeter.
Dit ainsi, ça peut paraître aberrant, et pourtant, c’est sur ce modèle que repose encore en grande partie notre société aujourd’hui.
80% DE L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL D’UN PRODUIT DETERMINÉ LORS DE SA PHASE DE CONCEPTION
Entamer une démarche d’éco-conception c’est être conscient des multiples gains engendrés derrière.
Selon un chiffre partagé par la Commission européenne, 80% de l’impact environnemental d’un produit serait déterminé lors de sa phase de conception. L’éco-conception se présente ainsi comme un moyen significatif pour réduire l’impact environnemental d’un produit.
En prenant en compte dès l’amont chaque étape du cycle de vie d’un produit, l’éco-conception assure une connaissance parfaite du produit, garantissant ainsi sa traçabilité.
NOTRE DERNIER ARTICLE
Toutefois, au-delà des gains écologiques engendrés, l’éco-conception fait aussi preuve de performances sur le plan économique, puisqu’elle améliore la compétitivité des entreprises qui l’intègre à leur modèle.
Source d’innovation, de différenciation et d’amélioration de l’image, l’éco-conception serait un véritable levier de création de valeur, d’après des études menées par l’ADEME.
Elle est en plus dorénavant poussée par le cadre législatif, puisque l’article 72 de la loi AGEC prévoit la mise en place d’un plan de prévention et d’éco-conception basé sur 3 fondamentaux, à savoir la réduction de l’usage des matières non renouvelables, la maximisation de l’incorporation de matières recyclées et l’accroissement de la recyclabilité du produit.
QUELLES ACTIONS CONCRÈTES À CHAQUE ÉTAPE ?
La force première de l’éco-conception est son pouvoir à s’imposer au cœur même du process de fabrication d’un produit. Du design à la confection, tous les composants et savoir-faire sont réunis.
On parle ainsi d’approche multi-étapes et multicritères. En effet, si cette démarche se base sur le cycle de vie complet du produit, elle vient en plus prendre en compte l’ensemble des impacts générés à chacune des étapes de production – utilisation et fin de vie. Et ce, dans une démarche de circularité anticipée.
Autrement dit, pour qu’un produit ait un cycle de vie circulaire, dès l’amont de son processus de fabrication, il faudra trouver l’équilibre entre les impératifs techniques, sociaux, environnementaux et économiques. Se concentrer sur les matières utilisées, les lieux de fabrication et anticiper la revalorisation du produit.
En pratique, un ensemble de réflexions sont à prendre en compte quand on entame une démarche d’éco-conception. Pour rendre le sujet, un peu plus concret, on a demandé à nos expertes quelles étaient les questions qu’elles se posaient à chaque étape, pour garantir une démarche d’éco-conception 100% circulaire :
-
Extraction et choix des matières premières
C’est la première étape du cycle de vie du produit. Ici, il faudra connaître le pays de provenance de la matière première, les engagements sociaux et environnementaux des partenaires et un certain nombre d’informations techniques sur la fibre : est-elle contaminée par des pesticides ? Il faudra également s’assurer de la recyclabilité des matériaux et de l’existence de filières locales.
-
Production
Pendant la production, il est nécessaire de s’assurer que la traçabilité est garantie à toutes les étapes de transformation (production de la fibre, cardage / peignage, filature, tissage / tricotage, ennoblissement, confection). Certaines exigences sociales et environnementales doivent aussi être respectées, et de ce fait, il est fortement conseillé de récolter les certifications des entreprises partenaires. Le but pendant toute la chaîne de production est de minimiser les flux et l’usage de produits chimiques.
-
Distribution
Au moment de la distribution du produit, assurez-vous de choisir le moyen de transport le plus adapté ayant un impact le plus faible, avec une attention particulière sur le dernier kilomètre (responsable à hauteur de 25% des émissions de CO2 en ville selon Rungis international). Tout le discours et la mise en avant du produit sont aussi à étudier (merchandising, communication, story telling) pour éviter à tout prix, toute forme de greenwashing.
-
Utilisation
Le produit a été conçu en prenant en compte sa durabilité (et donc sa qualité). Toutefois, pour maximiser sa durée dans le temps, il y a aussi toute une éducation à faire auprès du consommateur pour aller dans ce sens (conseils d’entretien…)
-
Fin de vie
L’éco-conception a anticipé la fin de vie du produit dès sa conception, et préconise la filière de revalorisation la plus vertueuse (don, réemploi, recyclage). En toute transparence, ces données sont également importantes à partager avec le consommateur pour instaurer une relation de confiance.
LA MISE EN PLACE DE L’ÉCO-CONCEPTION CHEZ WETURN
Pour terminer cet article avec la meilleure illustration de ce qu’est l’éco-conception, ou du moins, celle dont on pourra mieux vous parler, laissez-nous vous présenter notre démarche d’éco-conception chez Weturn.
Nous avons l’habitude d’illustrer notre filière de recyclage par une boucle allant de la collecte de produits à la création de nouvelles matières prêtes à l’emploi. L’éco-conception s’intègre ainsi comme un principe clé de notre filière, au stade du développement de nouveaux fils et nouvelles matières.
Pour rappel, chez Weturn, nous donnons aux produits pré-consommation non utilisés, le droit à une autre vie, en les transformant en fils ou matières réutilisables par et pour les acteurs du textile. Ici, on ne parlera pas de « seconde vie », puisqu’après tout, ils n’en ont pas eu de première.
Ces produits, le plus souvent non sortis de l’entrepôt de la marque ou du distributeur, parfois même du fabricant, auront donc vocation à trouver une destinée. Nous étudions les solutions de don ou de réemploi avant d’orienter ces produits vers les solutions de recyclage.
Comme nous l’expliquons souvent, les invendus ont plusieurs raisons d’exister : il y a d’une part la surproduction des acteurs de la fast fashion, mais qui, pour la plupart ne proposent pas de matières suffisamment qualitatives pour être correctement recyclées, et d’autre part, des événements économiques ou autres crises, qui sont la cause d’importants stocks en fin de saison. Qui touchent tous les acteurs, même les plus engagés. Par exemple, les 5 dernières années nous ont prouvé que les marques ne sont pas toujours maîtres de leur distribution (d’abord les grèves, puis les confinements à répétition, et désormais l’inflation).
Les coûts de stockage sont élevés et rendent compliqué le maintien des produits dans le bilan des entreprises. D’où la nécessité de revaloriser les matières premières plutôt que de les détruire. Car oui, si nous n’existions pas, les marques continueraient à détruire ou exporter dans le plus grand secret. Qu’on le veuille ou non, la rotation des stocks est un moyen pour elles de continuer à exister et de se renouveler. Leur destinée sera ainsi plutôt prospère, puisque ces matières recyclées retrouveront leur place dans de nouvelles collections à moindre impact.
Aujourd’hui nous sommes fiers de présenter notre collection de matières recyclées / upcyclées MT®, comptant plus d’une trentaine de références, entre denim, jersey, sergé, gabardine et beaucoup d’innovations en cours.
La partie amont de notre filière de recyclage (tri, démantèlement…) nous permet de travailler des matières en sortie de qualité à partir d’un cahier des charges strict donné par le client. Nous veillons au suivi et à la maîtrise de toute la chaîne de production en coordonnant chacune des étapes logistiques et de transformation avec nos partenaires européens.
Pour chaque production, nous calculons l’impact du projet et les économies réalisées.
Il est également important de souligner que tout n’est pas faisable en recyclé. En effet, les fibres recyclées sont qualifiées de fibres courtes, et ne peuvent donc être travaillées avec tous types de titrages (mais ne nous étalons pas trop sur ce sujet, il fera l’objet d’un prochain article), le pourcentage de fibres recyclées reste donc à déterminer en fonction de cette longueur de fibre.
Pour cela, nous réalisons généralement des projets pilotes avant de lancer des productions au niveau industriel. Ces tests nous permettent notamment d’étudier la faisabilité technique. Enfin, nous réalisons des tests qualité pour chaque matière développée pour assurer une offre la plus qualitative, la plus juste et la plus durable.