Vers une traçabilité de la filière textile

Entre pression législative et exigence du consommateur, les entreprises sont désormais contraintes de prendre en compte la traçabilité de leurs productions. Depuis, le 1er janvier 2023 et dans le cadre de la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire), les distributeurs, importateurs, fabricants et marques de vêtements et chaussures doivent communiquer des informations relatives aux étapes de confection de leurs produits.

Si la loi s’applique dans un premier temps pour les entreprises ayant un CA supérieur à 50 millions d’euros et responsables de la mise sur le marché national d’au moins 25 000 unités par an, elle deviendra bientôt, et pour tous, la nouvelle norme.

Mais savez-vous réellement à quoi fait référence la traçabilité ?

 

LA TRAÇABILITÉ AU CŒUR DES SUJETS

 

La traçabilité, c’est la capacité de suivre un produit durant l’intégralité de sa chaîne de production. Autrement dit, elle permet d’identifier où, par qui et dans quelles conditions ont été réalisées chaque étape de la production, transformation et distribution d’un article.

 

Ces dernières décennies, la mondialisation a atteint son apogée et entraîné une nette modification des chaînes d’approvisionnement, avec une multiplication et une dispersion des acteurs à travers le monde. Le secteur du textile n’a pas été épargné, la mondialisation entraînant une désindustrialisation de la filière et une répartition géographique entièrement modifiée.

 

Cependant, la crise du Covid, combinée à la crise environnementale ont déclenché une montée en puissance des discours anti-mondialisation, prônant un retour à la souveraineté, une relocalisation industrielle et un besoin affirmé de plus de transparence sur les chaînes de production.

carte de l'europe reclocalisation

La traçabilité est ainsi aujourd’hui au cœur des enjeux d’une transparence exigée par les consommateurs et les entreprises. Mais alors, pourquoi est-elle devenue indispensable dans la chaîne de valeur d’un produit ?

 

LA TRAÇABILITÉ DANS LA CHAÎNE DE FABRICATION

 

Traçabilité rime avec qualité, durabilité et responsabilité. La traçabilité vient enrichir la valeur du produit tout au long de son cycle de vie, de l’approvisionnement en matières premières jusqu’à sa distribution. De plus, en ayant connaissance du sourcing des matières premières et des étapes de fabrication, la traçabilité garantit une qualité mesurée au produit.

 

Aujourd’hui, l’industrie textile se retrouve prise en tenaille entre plusieurs moyens de pression exigeant la traçabilité de l’ensemble des productions.

 

1/ L’impératif écologique

Il est grand temps de changer les modèles actuels. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le réchauffement planétaire de 1,5°dès 2030, soit 10 ans plus tôt qu’escompté, le jour du dépassement à 6 mois, l’impact carbone de l’industrie textile… Beaucoup d’alertes rouges.

signaux de la crise écologique

Mais alors, quel impact peut avoir la traçabilité sur les problématiques environnementales ? Si elle permet de suivre un produit à toutes les étapes de production, la traçabilité est finalement le moyen de mesurer son impact, pour plus tard, mettre en place des actions correctives concrètes et faire émerger des modèles de production plus vertueux, notamment en faisant le choix de fournisseurs locaux .

 

2/ La pression des consommateurs

Ce n’est plus un secret pour les marques, les consommateurs réclament plus de transparence. Une étude de Sensu Insight auprès d’un panel de consommateurs britanniques, révèle que 86% des personnes interrogées ont déclaré souhaiter une amélioration au niveau de la transparence des marques en matière d’environnement.

 

Les consommateurs sont désormais plus avertis sur les enjeux écologiques, se sentent concernées et prônent des modèles plus honnêtes. Leur acte d’achat est ainsi influencé par les informations dont ils disposent. Dans quelles conditions leur produit a été fabriqué ? A-t-il fait des milliers de kilomètres pour être distribué dans leur point de vente ?

De plus, conscients que certaines marques abusent du greenwashing, les consommateurs souhaitent avoir des preuves tangibles, des KPIs  (indice clé de performance en français) ou données vérifiées ou vérifiables, pour appuyer un discours parfois trop marketé et pas assez concret.

 

3/ Un cadre légal en mutation 

Du côté légal, la loi obligera dès 2024 les metteurs en marché de produits non alimentaires à partager des informations (tel que le score nutritif aujourd’hui) avec les consommateurs.

représentation de l'affichage environnemental pour l'habillement

« L’article 13 l de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire du 10 février 2020 prévoit ainsi d’harmoniser, d’encadrer et de préciser, sur le fond et sur la manière de les présenter, un certain nombre d’allégations environnementales. »

 

Les marques seront ainsi contraintes de faire figurer le pays de réalisation de chaque étape (tissage, teinture, confection) et des contrôles veilleront au bon respect de la loi, sous peine de pénalités.

 

POURQUOI MET-ON ENCORE LA TRAÇABILITÉ DE CÔTÉ ?

 

La notion de traçabilité émerge dans une industrie où les données ont trop souvent été occultées, où les chaînes de production, complètement opaques, ne facilitent pas leur récolte. De ce fait, la traçabilité est encore trop écartée, les industriels ont beaucoup de mal à l’intégrer à leurs modèles de production.

 

Les acteurs sont en plus répartis aux 4 coins du globe, il n’y a aucune uniformisation de leur méthode de collecte de données et de reporting. Ainsi leur exiger de partager des données « introuvables », serait comme leur demander de chercher une aiguille dans une botte de foin.

conséquences de la mondialisation

En effet, sous-traiter implique une certaine perte de contrôle sur une partie de la production. Il y a donc toujours des risques, qu’ils soient liés à la barrière de la langue, à la vérification des données (la manière dont la production a été réalisée, le respect des normes du secteur, les caractéristiques techniques). Afin d’éviter ce genre de confusion, il est nécessaire de travailler avec des partenaires de confiance, disposant de certificats et de codes de conduite.

 

Enfin, il y a aussi le problème du greenwashing, qui depuis quelques années, est un véritable fléau pour les acteurs cherchant la transparence et l’honnêteté. Beaucoup trop de marques surfent sur la tendance de la production durable, vertueuse et éthique, et voient la traçabilité comme une « nouvelle notion à la mode ». C’est ainsi que les acteurs les plus justes, ceux qui cherchent à faire bien et dans une démarche 100% transparente, se retrouvent à perdre en crédibilité.

 

QUELLES SOLUTIONS ?

 

De nos jours, il existe de nombreuses méthodes et outils pour assurer une traçabilité quasi parfaite et méthodiquement vérifiée :

 

  • La Blockchain pour éviter les fraudes

La technologie de blockchain, ou chaîne de blocs est une méthode de stockage, sous forme de base de données, qui permet de garder la trace de l’ensemble des transactions numériques réalisées par tous les acteurs d’une chaîne de production. À chaque étape, les données sont récoltées et connectées à l’étape suivante, permettant de retracer le parcours du produit avant son arrivée en rayon. La technologie de blockchain s’inscrit désormais au service de la transparence puisqu’elle garantit une traçabilité instantanée à moindre coût dans un écosystème où les acteurs sont parfois très, voire trop nombreux.

Toutes les données sont protégées dans la chaîne de blocs, la sécurité est renforcée et permet ainsi d’éviter les fraudes.

 

  • Traçeurs RFID

Les progrès technologiques ont aussi permis de créer des outils, simple d’utilisation, garantissant aux marques et fournisseurs le suivi du parcours d’un produit, de sa fabrication à sa mise en rayon. C’est le cas du système RFID, ou radio identification, une technologique permettant de mémoriser et récupérer des informations à distance, en utilisant des marqueurs, appelés radio-étiquettes.

Ces technologies révolutionnaires permettent ainsi d’optimiser la chaîne logistique, gagner du temps et faire de grandes économies.

 

  • La collecte de certifications et justificatifs auprès des fournisseurs

Utiliser des outils de traces numériques pour proclamer la transparence sur sa chaîne de production c’est ok. Mais avant tout, il est primordial d’avoir une connaissance parfaite de l’ensemble de ses partenaires, leur niveau d’engagement et les conditions environnementales et sociales dans lesquelles ils exercent leur activité. En collectant leurs certifications et justificatifs, vous établirez des relations de confiance, pérennes et sincères, et prouverez que vous n’incarner pas seulement un discours mais une démarche complète.

 

  • Relocalisation textile pour éviter la multiplication des acteurs

Comme conséquence du Covid 19, après une vraie prise de conscience politique et industrielle, beaucoup d’acteurs ont décidé de rapatrier leurs productions et de privilégier un sourcing local. La relocalisation de l’industrie textile gagne ainsi du terrain en Europe, les savoir-faire ancestraux ont été conservés, permettant ainsi de reconstruire une filière dont on peut identifier les acteurs et les lieux de production. Un retour vers le futur ?

 

  • Intégrer des étiquettes de traçabilité et d’impact sur le produit

La loi AGEC fixe un devoir de transparence auprès des consommateurs, passant par des fiches de renseignement sur l’impact des produits et leurs lieux de fabrication. etiquette de traçabilité MT®

Si ces « fiches produits » ne concernent depuis le 1er janvier que les géants de l’industrie, elles deviendront obligatoires dès 2024 pour les entreprises de taille intermédiaire.

De son côté, la Loi Climat et résilience prévoit l’entrée en vigueur de l’affichage environnemental la même année, visant à informer, de manière simple et efficace le consommateur. L’affichage environnemental sera présenté sous forme d’un score reposant sur 8 critères dont la consommation d’eau utilisée pour fabriquer les matières et la durabilité des textiles, et reposera sur l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) des produits.

 

  • Le passeport digital

Avec pour même objectif de fournir aux clients des informations sur l’origine, la production d’un produit et son cycle de vie, le passeport numérique ou Digital Product Passport (DPP), initié par la Commission européenne, devrait accélérer la transition vers une économie circulaire et durable.

La Maison Chloé a su l’implémenter récemment dans sa collection Chloé Vertical, en partenariat avec Vestiaire Collective et EON, une solution de numérisation des produits. Chaque pièce est inidentifiable et entièrement traçable grâce à un Digital ID (QR code), renvoyant vers des données sur la provenance des matières, des conseils d’entretien et les possibilités de réparation.

 

QR code collection Chloe Vertical passeport digital
Digital ID Chloé x EON pour Chloe Vertical

 

COMMENT ASSURE-T-ON LA TRAÇABILITÉ CHEZ WETURN ?

 

Chez Weturn, la traçabilité est au cœur de notre métier, au cœur de notre filière.

En effet, en coordonnant toutes les étapes, du tri au développement de nouvelles matières recyclées, nous avons une connaissance parfaite de notre filière, de ses acteurs et des matières premières sourcées. Notre promesse ? Assurer la circularité de vos projets en totale boucle fermée et en toute transparence.

 

L’ensemble de nos partenaires sont situés en Europe, nous sommes en faveur d’un retour du savoir-faire industriel historique. Nous travaillons avec des partenaires de confiance, qualifiés et accrédités par des tiers, ayant des certifications que nous collectons. Nous avons également mis en place un code de conduite, nos partenaires sont ainsi tenus de mesurer et maîtriser leur impact.

mapping filière Weturn

Afin de garantir la transparence sur toute notre filière, nous avons mis en place un outil de blockchain avec Crystalchain. Cet outil permet de centraliser, optimiser et cartographier l’ensemble de nos flux, nous permettant ainsi d’avoir un suivi global de la traçabilité de nos projets. Nous associons à chaque projet une carte sur laquelle sont indiqués, l’origine des matières premières ainsi que toutes les étapes logistiques et de transformation des gisements : collecte, conditionnement, filature, tissage ou tricotage, confection du produit fini.

De plus, nous pouvons suivre en temps réel des données clés et stratégiques telles que les stocks, les distances estimées…

 

Nous sommes ainsi en mesure de calculer pour chaque production, les impacts générés ainsi que de cartographier l’ensemble des flux logistiques. Cela nous permet, en fin de projet, de remettre à nos clients un reporting détaillé sur les impacts et transactions réalisés, afin qu’ils puissent réaliser l’ACV de leurs produits.

 

Si nous plaçons aujourd’hui la traçabilité au cœur de notre métier, c’est parce que nous croyons fortement en sa capacité à améliorer les modèles de production actuels et nous sommes convaincus de son impact et efficience sur les modèles de production. En revanche nous en attendons encore pour la suite : une méthodologie et des référentiels de mesure d’impact uniques, précis et universels ; un affichage environnemental accessible à tous, compréhensible des consommateurs et simple à mettre en place pour les marques. Il reste ainsi encore du chemin à la traçabilité, avant qu’elle devienne la norme pour tous.